Le letterpress est une technique d’impression ancestrale, remontant en réalité aux origines de l’imprimerie. Elle revient aujourd’hui au goût du jour, notamment parce qu’elle défend toutes les valeurs de ce métier. Claire Dewasmes, Directrice associée de l’agence h2a, nous en dit plus sur ce procédé qui redonne toute sa valeur à l’artisanat.
Le letterpress est une technique qui connaît un regain d’intérêt.
Pouvez-vous nous préciser en quoi elle consiste ?
Il s’agit d’un procédé mis au point par Gutenberg, considéré comme l’inventeur de l’imprimerie. A l’époque, il consistait à imprimer des compositions en exerçant une pression sur le papier à l’aide de caractères mobiles encrés. Au départ, ces éléments étaient en plomb et le procédé était manuel. Aujourd’hui, la technologie a toutefois évolué, le processus a été mécanisé et on utilise à présent des clichés polymères. Mais le résultat reste le même : on obtient une impression en relief unique, qui offre un toucher et un degré de raffinement particuliers. Les quelques imperfections qui résultent de l’utilisation du letterpress apportent en outre un supplément d’âme aux productions, que les machines modernes sont incapables de produire.
Y a-t-il des contraintes techniques pour l’utilisation de ce procédé ?
Tout d’abord, on ne peut utiliser la technique letterpress que sur un papier contenant des fibres de coton et présentant un grammage minimum de 300 à 400 grammes par mètre carré pour que le résultat soit perceptible. La combinaison entre la souplesse et l’épaisseur de ce papier permet d’accentuer l’effet relief et apporte de la noblesse à l’objet imprimé à travers cette technique.
Quel type de produit peut être réalisé grâce à ce procédé ?
Pendant longtemps, on a surtout réduit cette technique à la production de cartes de visite. Mais, si on trouve le bon partenaire, il est aussi possible de réaliser des couvertures de brochure, des blocs-notes, etc. Il y a toutefois une contrainte de format, imposée par la machine utilisée pour réaliser le letterpress. Ainsi, la taille maximale qui peut être prise en charge est située sous le format A4. En ce qui concerne les couleurs, on utilise en outre le nuancier pantone plutôt que la quadrichromie. Il faut tenir compte de ces différentes contraintes pour parvenir à délivrer de belles finitions personnalisées.
Réalisez-vous le letterpress en interne ou faites-vous appel à des partenaires externes ?
Nous ne sommes pas des imprimeurs ! Chez h2a, nous avons commencé à proposer ce procédé à nos clients en 2014. A cette époque, aucune agence ne proposait ce type d’impression au Luxembourg, et aucune structure n’était capable de la réaliser dans le pays. Nous avons donc fait appel à une société située dans le sud de la France. Depuis la fin de l’année dernière, nous avons toutefois trouvé un nouveau partenaire au Luxembourg – Girls on Press – qui nous permet d’avoir un suivi plus rapproché de chaque projet.
La technique, le choix du papier, le temps qu’on y consacre… Tout cela doit induire un coût plus élevé, non ?
Il est clair qu’il s’agit d’une technique plus coûteuse, haut de gamme. Étant donné que nous prenons toujours en compte le budget du client, nous proposons cette prestation uniquement à des sociétés qui sont sensibles à ce genre de design et qui sont convaincus que le letterpress est une vraie plus-value en matière d’image. La chaleur, l’effet sensoriel d’une carte de visite réalisée avec cette technique, par exemple, n’a rien à voir avec un produit classique. Quand on leur montre l’intérêt de la technique, ces clients n’hésitent pas : ils préfèrent produire moins de cartes de visite ou de brochures, mais qu’elles soient de plus belle facture.
Quand vous leur en parlez, les gens connaissent-ils le letterpress ?
Non, il s’agit toujours d’une découverte pour les clients. Mais je crois que cela fait partie du rôle d’une agence comme la nôtre d’éduquer à cette technique qui, en définitive, est un patrimoine culturel commun. Ce côté « retour à l’artisanat », à des matières nobles, au non-jetable, cela colle aussi avec une évolution générale au sein de la société. Pour nous, qui nous considérons comme des artisans, c’est une évidence de promouvoir cet aspect de notre travail.